Un Canadair qui tourne au-dessus des sommets vosgiens, ce n’est pas banal. Encore moins lorsque l’imposant avion rouge et or de la Sécurité civile saute la crête à très basse altitude et plonge en rase-mottes dans le versant pour y larguer des tonnes d’eau sur un incendie imaginaire. Un spectacle à couper le souffle, qui n’a pas manqué de captiver l’attention de très nombreux promeneurs, tout l’après-midi de mercredi 30 mai 2018 au Petit-Ballon.
Cet événement inédit était dû à une formation de perfectionnement dans la lutte contre les feux de forêt organisée par le Service départemental d’incendie et de secours du Haut-Rhin (SDIS 68). Il s’agissait pour douze officiers de sapeurs-pompiers, commandant des groupes ou des colonnes d’intervention sur feux de forêt, de s’entraîner à coordonner l’action d’un avion bombardier d’eau. Une compétence nécessaire pour des officiers qui participent aux colonnes de renfort envoyées dans le sud de la France lors des grands incendies de l’été. Des renforts auxquels le SDIS du Haut-Rhin contribue régulièrement par l’envoi de personnels et d’engins et spécialement tous les ans depuis 2015, au sein des colonnes formées dans la Zone Est.
Cet exercice exceptionnel a été rendu possible grâce au concours de la Base d’avions de la Sécurité civile (BASC) de Nîmes, qui a détaché spécialement un de ses douze bombardiers d’eau avec son équipage, composé d’un pilote et d’un copilote. Le SDIS du Haut-Rhin avait également invité ses voisins et des officiers des SDIS du Bas-Rhin, du Doubs et du Territoire-de-Belfort ont participé à la formation.
Après une matinée consacrée à une approche théorique de la gestion des moyens aériens, les stagiaires sont partis pour la montagne en début d’après-midi tandis que le Canadair décollait de Colmar pour mettre le cap sur le Rhin. Une zone d’écopage réunissant les qualités requises avait été préalablement définie, à la hauteur de Kunheim. Deux kilomètres de ligne droite et une largeur suffisante pour offrir la marge de sécurité nécessaire à l’appareil de 30 mètres d’envergure.
Là, l’équipage a effectué plusieurs passages de reconnaissance à basse altitude et quelques essais d’écopage, afin de prendre ses repères. Puis vint le premier écopage réel : le ventre de l’appareil glisse sur le fleuve pendant 12 secondes, engloutissant dans ses soutes 6000 litres d’eau à emporter sur la zone d’exercice, atteinte en moins de dix minutes. Une manœuvre répétée trois fois dans l’après-midi, permettant de réaliser un total de 12 largages, 1500 litres à chaque fois, en suivant les indications données par chaque stagiaire à tour de rôle, grâce à une liaison radio.
Une telle opération de par son caractère particulier, a nécessité la coopération de plusieurs partenaires, tant pour l’organisation pratique que pour la sécurité, des usagers comme des participants : Voies navigables de France et brigade fluviale de gendarmerie à Vogelgrun pour la sécurité des usagers du fleuve ; plongeurs et sauveteurs aquatiques du SDIS 68 pour la sécurité du Canadair ; mairie de la commune de Breitenbach et agriculteurs pour le périmètre choisi ; ONF pour la validation de l’exercice sur la zone concernée, située hors Natura 2000 et hors toute zone de protection flore ou faune.
Jean-Louis Vuillequez – SDIS 68